Dans le même ordre d’ idées, voici trois documents qui peuvent vous aider pour la deuxième phrase de la partie4.
LES DISPENSES EN EPS : MAUVAISE VISION DU CORPS OU PROBLEME MEDICAL ?
Comme tout professeur, celui d’EPS rencontre des réticences de la part de ses élèves quant à la présence à son cours. Mais contrairement à ses autres collègues, il est le seul à sen voir opposer une démarche statutairement admise : la dispense, changée depuis peu en inaptitude partielle ou totale. Mais si la forme n’est plus la même, le terme ayant effectivement été modifié, est-ce que cela a véritablement changé quelque chose dans le fond ?
Pourquoi une inaptitude :
Doit-on toujours chercher des raisons physiologiques à une inaptitude pour un
cours d’EPS? S’il semble que ce fut le cas par le passé, aujourd’hui pose un problème nouveau, l’acceptation de son corps entant qu’entité et de l’image qu’il renvoie aux autres élèves. Comme le dit J. Fleury «considérer le problème de la dispense en EPS du seul point de vue médical, c’est omettre que la dimension psycho-sociologique infère sur le comportement des élèves».
Il semblerait donc d’une part que les représentations sociales du corps soient inhibitrices, et que d’autre part, les filles soient plus touchées par ce processus. Ces représentations inhibitrices le sont encore plus dans des APSA où le corps est plus ou moins dénudé (piscine, danse...), dévoilant ainsi facilement à l’autre son aspect réel. Les élèves dispensés ont en général une perception négative de leur corps. Ils vivent assez mal les transformations qu’il subit. C’est un corps objet du regard de l’autre et de ses jugements. Les non dispensés parlent plus facilement de leur corps en terme plus général, et ont mieux vécu ses modifications. Or comment éviter ces jugements ? L’inaptitude, ou devrions-nous dire la dispense, car c’en est une, reste la solution la plus fréquente.
La pratique de l’EPS ne va pas modifier fondamentalement les représentations corporelles, mais elle doit éviter,dans un premier temps, les situations qui les rendent plus délicates et dans un second temps développer des activités qui rendraient plus facile cette période de bouleversements corporels de l’adolescent. Le professeur d’EPS a un rôle primordial à jouer dans son intervention pédagogique. Il doit se rendre compte que des critères d’ordre plastique influencent beaucoup le comportement des élèves en cours et par la même les mettent en situation de réussite ou d’échec. Il doit apprendre à les gérer.
Alexandre MANT,
Enseignant d'EPS au Collège Hautefeuille
et à l'Institution Sainte-Geneviève d'Asnières.
Le professeur d'EPS, s'il ne peut exiger de tous les mêmes performances physiques au regard des potentialités naturelles, a l'ambition de développer les mêmes habiletés motrices pour tous et viser pour chacun : l'accès à la santé, l'apprentissage de la sécurité et une éducation à la citoyenneté. Cette dernière justifie à elle seule une coéducation (mixité) à laquelle le professeur d'EPS est particulièrement attaché.
Vivre ensemble : affirmer la mixité en EPS
Les enseignants d'EPS militent en faveur de la mixité en Éducation et en Éducation Physique tout particulièrement. S'il existe des difficultés pédagogiques, elles ont été jusqu'ici surmontées sans trop de difficulté. Cependant s'appuyant sur quelques réticences psychologiques des adolescents (que l'éducation a justement pour mission de faire évoluer : manque de confiance en soi, représentations relatives aux statuts masculin et féminin etc.), des pressions sociales nourries de principes religieux s'exercent sur cette discipline pour réclamer un enseignement séparé pour les filles et les garçons. Or c'est précisément lors d'une coéducation que peuvent se construire des valeurs communes et se forger l'égale dignité des femmes et des hommes.
Une personne se construit dans ses rapports aux autres. Paradoxalement, malgré l'évolution de l'image et du statut du corps dans notre société, lequel s'affiche sous toutes ses formes au quotidien, l'adolescente et l'adolescent éprouvent toujours des difficultés dans ce domaine. Dans leurs rapports au monde et à autrui, l'image de leurs corps en transformation ne correspond pas toujours à leurs aspirations ou au normes qu'ils valorisent. Ils sont inquiets de se montrer sans les attributs identitaires qu'ils se donnent (vêtements, bijoux, tatouages…). En EPS, tout particulièrement en natation où les élèves doivent se dévêtir et adopter une tenue spécifique pour des raisons fonctionnelles et de sécurité, on observe, et le phénomène n'est pas récent, des conduites d'évitement. Si ce sont là de réels et délicats problèmes éducatifs (respect de l'intimité, de la pudeur…) ils doivent être résolument traités par l'explication plutôt que par l'évitement.
S'agissant de la programmation des activités physiques, sportives et artistiques enseignées, un des effets de la coévaluation est l'accès progressif des jeunes filles aux activités historiquement « masculines » comme le football ou le saut à la perche et d'une façon certes plus lente, le développement chez les garçons de motivation pour des activités comme la danse ou la gymnastique rythmique. Ont émergé des activités moins connotées comme l'acro-sport. Être confronté ensemble à des apprentissages communs n'implique pas pour autant que tous les élèves filles et garçons exécutent les mêmes tâches. Des groupes de niveaux mais aussi la spécificité masculin/féminin sont pris en compte particulièrement lors de l'apprentissage des sports collectifs ou de combat.
L'EPS est une discipline scolaire obligatoire au sein d'une école où signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse sont interdits :
- Les élèves peuvent porter en EPS des accessoires qui retiennent ou couvrent les cheveux s'ils n'appartiennent pas aux signes sus nommés (du type bonnet de bain par exemple).
- Ils devront porter dans le même esprit des tenues réputées décentes dans notre culture, telles que le maillot de bain dans les piscines et lieux de baignade.
- Les obligations (tenue sportive adéquate), qui peuvent être notifiées dans le règlement intérieur, font écho à l'obligation d'assiduité à l'ensemble des cours, d'une part et au respect nécessaire des modalités d'examen, d'autre part.
La circulaire du 18 mai 2004 prise en application du principe de laïcité souligne dans son § 2.4 que les « convictions religieuses ne peuvent justifier un absentéisme sélectif par exemple en éducation physique et sportive ou en sciences de la vie et de la Terre ».
Dominique BORNE
Doyen de l'Inspection générale
de l'Éducation nationale
Ont participé à l'écriture de ce dossier, les inspecteurs généraux suivants :
- Alain HEBRARD (EPS)
A. Legrand s’est intéressée aux significations profondes de l’acte de nager. Elle s’interroge ainsi sur : « pourquoi la peur ou l’attrait de l’eau ? Pourquoi certains ressentent l’eau comme une deuxième peau protectrice dans laquelle il fait bon vivre et d’autres au contraire, comme un liquide envahisseur, agressant leur intégrité physique et psychique ? […] La relation à l’eau se joue sur le plan physique mais aussi symbolique. La symbolique de l’eau repose sur l’ambivalence de la vie et de la mort ».
LEGRAND (A.) « Nager : une rencontre avec l’imaginaire », Contre-pied, n°7, 2000.